DE L'AUTRE COTE DES NUAGES

EXTRAIT
 

Alerte !



Il existe, au village des elfes, le Bois rêveur, une bien curieuse coutume. Les rondes de nuit sont en effet assurées par les plus jeunes habitants. Certainement parce qu’ils ont moins besoin de sommeil que les anciens mais aussi pour les endurcir et les sensibiliser aux problèmes de sécurité d’une cité lacustre perdue dans les roseaux, au bord d’une vaste mare.
 C’est donc bien naturellement qu’Hamzel et Rotz, les deux derniers arrivants au village et les cadets de la petite tribu, avaient été désignés pour monter la garde, en cette première semaine d’automne. Ce soir, c’était même le tour de Rotz.
 Hamzel, son compagnon, n’était pas allé se coucher pour autant. Plus par amitié que par crainte d’un quelconque événement nocturne. Qui pourrait attaquer le Bois rêveur ? Le seul objet de valeur, la « Pierre de Songe », étant jalousement gardé par les soldats de la Grande Prêtresse, de rudes gaillards prêts à sacrifier leur vie pour protéger le bijou magique, un somptueux cristal pur transmis de génération en génération et doté de pouvoirs surnaturels. Celui qui le possède peut en effet lire les pensées d’autrui.
 Qui donc pourrait s’aventurer dans le village sur pilotis quand en plus celui-ci est inondé par les rayons blafards d’une nuit de pleine lune ?
 Rotz a toujours été d’un naturel craintif. Aussi quand Hamzel proposa de lui tenir compagnie tout en préparant sa délicieuse liqueur de framboise, le gros lutin fut rassuré à double titre : il n’était pas seul ce soir, et son ami s’occupait de l’approvisionnement hivernal en douceurs.
« Je reviens, chuchota Hamzel. Je vais sur la berge cueillir quelques herbes pour aromatiser ma potion...
- Ne tarde pas ! » répondit Rotz, un peu inquiet.
 Le petit lutin se dirigea vers le pont-levis gardant l’entrée du village et déroula la corde qui le maintient relevé.
 Il parvint non sans mal sur la rive. Le ponton d’accès, à force d’être battu par les flots, est vermoulu à plusieurs endroits. Il faillit même tomber à l’eau ! Dans son émoi, il n’entendit pas un petit ricanement provenant d’un fourré épineux à quelques mètres de là.
 Une fois Hamzel éloigné, une ombre s’en détacha et prit furtivement la direction de la cité.
 Elle se glissa sans problème à bord et s’approcha à pas feutrés du palais de la Grande Prêtresse.
 En deux temps, trois mouvements, les gardes étaient neutralisés et la pierre... dérobée !
 Lorsque Rotz donna l’alerte, le voleur était déjà bien loin.
 
 



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